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Que lire en priorité dans votre diagnostic de vulnérabilité aux effets du changement climatique ?

Le diagnostic de vulnérabilité est un document clé pour comprendre les spécificités de votre territoire face aux effets du changement climatique. Bien rédigé, il peut servir de point de départ à une stratégie d’adaptation cohérente et concertée.

Pourtant, dans la pratique, il convainc rarement de son utilité. De nombreux chargés de mission de la communauté Facili-TACCT nous ont fait part de leurs difficultés :

  • Un document long à produire, complexe et difficile à lire
  • Un contenu parfois trop général ou superficiel
  • Une faible capacité à mobiliser les parties prenantes

Vous vous reconnaissez ? Pour gagner du temps et repérer l’essentiel, voici quelques repères concrets pour relire en 10 minutes votre diagnostic de vulnérabilité, avec un œil neuf.

Quelles données climatiques relire en priorité ?

Distinguer l’utile du superflu

Le diagnostic de vulnérabilité aux effets du changement climatique peut contenir une grande quantité d’indicateurs. Mais toutes les données ne se valent pas.

Concentrez-vous sur celles qui éclairent directement vos enjeux locaux.

Exemple

Si vous êtes une collectivité urbaine dans un climat océanique doux, est-ce que l’information sur la baisse attendue du nombre de jours de gel sur votre territoire est vraiment utile à votre réflexion sur vos enjeux d’adaptation ?

Des données climatiques parfois difficiles à interpréter

Même des indicateurs “simples” en apparence, comme la pluviométrie, peuvent être trompeurs.

Gardez à l’esprit que les données climatiques sont parfois difficiles à interpréter et ne sont pas toujours révélatrices de l’évolution d’un impact.

Exemple

Même si les données de pluviométrie (quantité d’eau) passées et actuelles montrent peu d’évolution, un ressenti de “manque d’eau” sur le territoire peut être tout à fait légitime.

Ce décalage s’explique souvent par une répartition des pluies qui ne coïncide plus avec les cycles de végétation ou les périodes de cultures.

Pour objectiver ce ressenti, il est possible de s’appuyer sur des indices plus spécialisés, issus d’études sectorielles.

Identifier les limites des indicateurs climatiques

Les données “d’impact” présentent souvent des limites techniques :

  • elles peuvent manquer d’homogénéité,,
  • Couvrir des périodes différentes,
  • Ne pas être à la même échelle ou concerner des périmètres variables.

Un même phénomène peut aussi être appréhendé de plusieurs façons. Exemple : la sécheresse n’a pas la même définition selon qu’on l’analyse sous l’angle météorologique, hydrologique ou agricole.

Des données utiles, mais insuffisantes à elles seules

Les données climatiques constituent généralement la partie la plus détaillée du diagnostic de vulnérabilité, ce qui peut expliquer l’impression de longueur et de complexité. Elles sont indispensables, mais ne suffisent pas à elles seules pour construire un diagnostic de vulnérabilité vraiment territorialisé.

Comment relire les données socio-économiques de votre diagnostic de vulnérabilité ?

Les données socio-économiques ne sont pas accessoires : elles jouent un rôle central dans l’analyse de la sensibilité de votre territoire face aux aléas climatiques.

Intégrées au diagnostic, elles évitent une analyse trop générique, et permettent de faire émerger des enjeux véritablement territorialisés. Mais surtout, leur présence rend le diagnostic de vulnérabilité aux effets du changement climatique plus mobilisateur. Il peut alors devenir un vecteur de sensibilisation auprès des élus et de l’ensemble de vos parties prenantes.

Donner du relief aux impacts

Les données socio-économiques traduisent ce qui rend un territoire plus ou moins vulnérable : démographie du territoire, précarité énergétique, etc.

Exemple

La modification inéluctable des forêts est un impact physique du changement climatique commun à presque tous les territoires forestiers.

Mais ses conséquences socio-économiques varient selon le contexte local :

  • une filière bois plus ou moins fragilisée,
  • une atteinte à la fonction sociale de la forêt (paysage, attractivité, ressource touristique…),
  • des conflits d’usage plus ou moins présents.

Même les fonctions environnementales de la forêt (puits de carbone, biodiversité, rôle de protection contre les éboulements, etc.) peuvent être affectées de manière différenciée selon les territoires.

Croiser données climatiques et socio-économiques

Il ne s’agit pas d’isoler chaque donnée, mais de les mettre en relation pour mieux comprendre les interactions à l’œuvre sur votre territoire.

Cette lecture croisée permet de montrer comment un aléa climatiqueinteragit avec une réalité territoriale. Ce croisement fait apparaître des impacts concrets sur les ressources, les infrastructures ou encore la population.

chaîne d’impacts Auvergne-Rhône-Alpes

L’Agence Régionale de l'Énergie et de l'Environnement en Auvergne-Rhône-Alpes propose un canevas vierge de chaînes d’impacts, utile pour distinguer les impacts environnementaux sur les ressources, des impacts socio-économiques sur les activités.

Décrire les enjeux à partir de la réalité du territoire

Des données socio-économiques chiffrées peuvent exister, mais elles doivent souvent être complétées par une analyse qualitative qui nécessite une bonne connaissance du territoire.

Cela suppose d’impliquer les services ou acteurs locaux concernés, capables d’apporter une expertise fine sur les réalités sociales et économiques locales. Un travail exigeant et chronophage, qui explique pourquoi ces données sont encore trop peu présentes dans les diagnostics de vulnérabilité.

Et pourtant, leur intégration est indispensable pour ancrer les enjeux dans la réalité concrète de votre territoire.

Les enjeux de votre diagnostic sont-ils clairement priorisés ?

Un diagnostic de vulnérabilité aux effets du changement climatique ne peut pas se limiter à une longue liste de thématiques impactées par le changement climatique. Pour être réellement opérationnel, il doit faire émerger quelques enjeux prioritaires, souvent 3 ou 4 suffisent, qui serviront de socle à votre stratégie d’adaptation.

Cette priorisation ne fige rien : elle peut évoluer avec le temps, en fonction des évolutions du climat (intensité ou fréquence de certains événements) et des données socio-économiques (capacités d’adaptation augmentées ou fragilités accrues).

Hiérarchiser sans tout écraser

Prioriser, ce n’est pas faire disparaître le reste.

Les autres enjeux restent présents en toile de fond, mais l’identification de leviers d’action clairs et collectivement portés demande de poser des choix.

Sans hiérarchisation, la stratégie d’adaptation risque de rester floue, ou de ne jamais démarrer.

Un processus de priorisation aussi important que le résultat

La façon dont s’est opérée la priorisation des enjeux mérite d’être interrogée. La notation chiffrée de certaines matrices de vulnérabilité offre parfois un maquillage “scientifique” facile. Mais savez-vous qui est derrière cette notation, et quelles bases méthodologiques ont été utilisées ?

Est-ce le fruit d’un travail “en chambre”, ou d’une réflexion collective à l’échelle du territoire ?

Le processus mis en place pour valider les priorités de façon concertée est aussi important que la liste des priorités elle-même.

Il pose les bases de la confiance, de la mobilisation…et de l’action.

Pour concluse, les trois points clés à garder en tête pour relire avec efficacité votre diagnostic de vulnérabilité aux effets du changement climatique :

  • 1.   Identifier les données climatiques les plus utiles, celles qui éclairent concrètement les impacts sur votre territoire.
  • 2.   Repérer les données socio-économiques présentes ou manquantes, pour contextualiser et rendre le diagnostic mobilisateur.
  • 3.   Évaluer la manière dont les enjeux ont été priorisés : un processus transparent et partagé est tout aussi important que la liste elle-même.

Et après la relecture ?

  • Compléter les données “manquantes” si vous en avez identifiées, et mobilisez vos services et partenaires si les enjeux n’ont pas encore été clairement priorisés.
  • Le diagnostic ne vise pas à proposer des actions clés en main : ce travail reste à construire ! Mais les enjeux prioritaires identifiés peuvent déjà faire émerger des problématiques à valider politiquement et des leviers d’action à discuter collectivement.
  • Le diagnostic de vulnérabilité est amené à évoluer, en fonction des changements sur votre territoire. Définir des niveaux d’impact et les suivre avec des indicateurs adaptés vous permettra de situer le territoire dans le temps, et de faciliter la mise à jour du diagnostic.
  • Engager (ou poursuivre) une démarche collaborative, c’est poser les bases de la confiance entre les acteurs du territoire. Et lorsque cette confiance existe, votre collectivité est bien plus en capacité d’agir à la hauteur des enjeux.

À vous de jouer !

Cet article est le fruit de l’atelier CDM Success organisé en mai 2024 avec les membres de la communauté des chargés de mission qui accompagne Facili-TACCT. Merci aux participants pour leurs retours d’expériences qui ont nourri ce contenu.

Ressources liées

Pour approfondir certains points abordés dans cet article, voici deux ressources utiles :

  • Renforcer la dynamique collaborative : lire notre article sur la facilitation pour mobiliser les parties prenantes.
  • Pour en savoir plus sur la manière de valoriser vos données, consultez notre article sur la mise en récit du territoire.