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Facili-TACCT est un service porté par l’Agence de la transition écologique (ADEME), en partenariat avec Météo France.
Notre mission : Accompagner les territoires pour une meilleure appropriation de leur vulnérabilité aux impacts du changement climatique. Facili-TACCT met à disposition les données climatiques du patch 4°C, mesure 23 du plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3).

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À retenir

  • Mobiliser pour réaliser un diagnostic de vulnérabilité ne va pas de soi.
  • Un cadrage partagé avec les élus est essentiel. Il évite les flous sur le sens de la démarche, la manière dont elle sera menée et l’ampleur à donner à la mobilisation des parties prenantes.
  • Des formats courts et conviviaux augmentent la participation et l’adhésion des parties prenantes.
  • Communiquer après les ateliers entretient la dynamique et valorise les contributions.
  • La mobilisation crédibilise le rôle du chargé de mission en le rendant visible et légitime sur son territoire.

Comment mobiliser en interne et en externe pour la réalisation du diagnostic de vulnérabilité aux effets du changement climatique ? Retour d’expérience de la Vallée de Villé.

Mobiliser autour d’un diagnostic de vulnérabilité reste un défi : entre les invitations sans réponse et les ateliers peu fréquentés, les obstacles sont fréquents. Incompréhensions, blocages ou manque d’adhésion expliquent souvent cette difficulté.

À la communauté de communes de la Vallée de Villé (CCVV), Jolet Van Kipshagen, chargée de projet “Adaptation au changement climatique”, a, dès la phase d’élaboration du diagnostic, proposé pour validation à ses élus, un plan de mobilisation des acteurs.

Ce retour d’expérience montre comment elle s’y est prise, ce que cela a changé et les conditions à réunir pour reproduire la dynamique ailleurs.

Comprendre les blocages pour mieux mobiliser

Avant même de mobiliser, le vrai défi est que l’adaptation reste un concept flou : beaucoup d’élus, de partenaires ou de collègues en interne ne perçoivent pas son lien direct avec leurs activités ou ne se sentent pas concernés. Le terme "adaptation" seul ne suffit pas à déclencher l’engagement – il faut l’ancrer dans des exemples tangibles, même si cela implique de sortir de son domaine d’expertise.

Le dialogue tourne vite au dialogue de sourds si l’on ne part pas des réalités concrètes vécues localement.

Dessin comique sur l'incompréhension du vocabulaire technique

Dans ce contexte, le rôle du chargé de mission n’est pas d’être expert technique, mais de développer une expertise de la problématique : savoir expliquer, pour chaque domaine, en quoi la prise en compte des impacts du changement climatique est nécessaire.

Une mobilisation des acteurs pensée dès le départ

Dans le cadre du dispositif "Accélérateur de transitions", la CCVV a recruté Jolet Van Kipshagen pour mener notamment une démarche TACCT. Jolet entame sa prise de poste en rencontrant ses collègues et les vice-présidents du territoire.

Avant même de lancer le diagnostic de vulnérabilité, elle fait valider par les élus un plan de mobilisation des acteurs, pour s’assurer que la démarche soit conduite sous le signe de la concertation.

En chiffres : une mobilisation structurée et progressive

  • 8 ateliers de sensibilisation pour capter des retours croisés (élus, services, partenaires) → 100 personnes mobilisées.
  • 3 ateliers thématiques avec des contributeurs ciblés pour affiner la lecture des enjeux prioritaires → environ 60 participants.
  • 10 entretiens individuels, menés avec des partenaires indisponibles ou des experts techniques extérieurs à la CCVV.
  • Une session de restitution grand public, à laquelle plus de 50 personnes ont participé.

Ce plan de mobilisation a permis d’organiser une concertation multiforme afin de croiser les regards, exercice incontournable pour favoriser ultérieurement l’adhésion aux orientations de la stratégie d’adaptation.

Le diagnostic s’achève un an plus tard : un travail de fond mêlant recherches (littérature scientifique, interviews, articles de presse) et compilation de données et de travail en ateliers, avant d’aboutir à un document final.

La réflexion sur la stratégie, elle, ne fait que commencer.

Ce que la mobilisation change concrètement

Les ateliers n’ont pas seulement produit des données : ils ont donné la parole aux acteurs du territoire.

Leurs vécus et ressentis, habituellement absents des rapports de diagnostic, ont permis de mettre en lumière des impacts concrets du changement climatique.

Un exemple marquant :

Pendant les périodes de sécheresse, l’épicerie solidaire du territoire a constaté une hausse des demandes d’aide, liée à la baisse de production dans les potagers familiaux. Sans interaction avec un acteur local, ce type d’impact serait passé inaperçu.

Au-delà des chiffres, ce dialogue a fait émerger les vrais enjeux du territoire.

Résultat : un diagnostic ancré dans le quotidien, qui “parle de nos forêts, de nos arbres”, comme le résume Jolet.

Un tel état des lieux, plus concret et plus proche du vécu local, favorise l’adhésion des acteurs aux prochaines étapes de la stratégie d’adaptation et du plan d’action.

Les leviers d’une mobilisation réussie

Au-delà des formats et outils utilisés, plusieurs choix stratégiques ont facilité la mobilisation des acteurs dans l’élaboration du diagnostic de vulnérabilité.

Voici ce qui a permis, concrètement, de faire la différence dans la démarche conduite à la Vallée de Villé.

En amont : cadrer, inviter, rassurer

C’est dans la préparation que tout commence.

Avant même les invitations, l’alignement avec les élus, la clarté du message et la qualité des relais jouent un rôle décisif.

  • Valider une vision commune avec les élus, dès le départ, via un plan de mobilisation formalisé. Même avec des objectifs partagés, des divergences de méthode peuvent exister : mieux vaut les poser à plat sur un document de travail validé ensemble.
  • Impliquer les vice-présidents et les maires dès cette phase : ce sont eux qui donnent le ton et permettent une mobilisation large, de l’intercommunalité jusqu’aux communes.
  • Personnaliser les invitations, relancer par téléphone, proposer des rencontres individuelles. Ces gestes sont essentiels pour lever des freins fréquents : peur d’être jugé (ex. “je prends la voiture tous les jours”), ou crainte d’être mobilisé sur des tâches supplémentaires.
  • Faire appel au service communication, si besoin, pour gagner en visibilité.
  • S’appuyer sur les services techniques, déjà en lien avec de nombreuses parties prenantes, pour faciliter l’identification des bons contacts.

Pendant les temps collectifs : incarner, rythmer, écouter

Une fois les participants présents, encore faut-il qu’ils aient envie de rester, de contribuer, et de revenir.

La façon dont se déroule un atelier, dans sa forme autant que dans son fond, conditionne la qualité de l’engagement.

  • Soigner la convivialité. Un buffet paysan local, par exemple, a créé une cohérence entre le fond du message et la forme de l’accueil, tout en tissant des liens avec les agriculteurs (un public parfois difficile à mobiliser).
  • Limiter la durée à 2 h : c’est un format acceptable pour un élu. Aller au-delà réduit significativement le taux de participation.
  • Tenir les horaires annoncés, toujours.
  • Clore chaque atelier par une évaluation à chaud, pour ajuster la suite en fonction des retours réels, et montrer que l’écoute continue.

Pour aller plus loin sur l’animation d’ateliers courts, efficaces et engageants : La facilitation d’ateliers : une démarche éprouvée d’engagement.

Prolonger la mobilisation : rendre visibles les résultats et enclencher la suite

À la Communauté de communes de la Vallée de Villé, la mobilisation ne s’est pas arrêtée une fois les ateliers terminés.

Grâce à une communication continue et à l’animation régulière d’un collectif local, la dynamique s’est prolongée dans le temps, bien au-delà du diagnostic.

Cette suite n’a rien d’automatique : elle repose sur la volonté de capitaliser sur le travail mené.

Communiquer après les ateliers

Rendre visible le travail accompli est essentiel pour entretenir l’intérêt des participants… et pour embarquer ceux qui n’étaient pas là.

En Vallée de Villé, les comptes-rendus ont été centralisés sur le site de l’intercommunalité, avec un soin particulier porté à leur lisibilité : formulations claires, visuels, accès rapide.

Résultat : les participants y reviennent facilement, et même les absents peuvent s’en emparer.

Bon à savoir : un compte-rendu illustré, partagé rapidement, sert à la fois de rappel collectif et de trace opérationnelle.

Il alimente la mémoire, la communication et la suite du processus.

Faire vivre la dynamique collective

La mobilisation a aussi fait émerger une communauté locale active, qui poursuit la dynamique engagée pendant le diagnostic.

  • Elle se réunit tous les six mois,
  • elle identifie des actions concrètes à lancer rapidement (ex. guide des aides locales),
  • elle teste des outils d’accompagnement du changement pour toucher de nouveaux publics.

Cette communauté permet de maintenir l’élan, d’enrichir les pratiques, et de faire avancer la stratégie.

Valoriser le rôle du ou de la chargé(e) de mission

Ce prolongement de la mobilisation a aussi eu un effet structurant sur le rôle de la personne qui la porte.

La communication continue autour de la démarche a permis de faire émerger Jolet comme référente reconnue sur les sujets de transition écologique au sein de la commune.

Elle a été sollicitée à 11 reprises par des partenaires extérieurs souhaitant relayer la dynamique ou demander conseil.

Jolet a su transformer une phase de diagnostic en levier d’action collective.

À travers une mobilisation structurée, elle a permis à la collectivité :

  • d'identifier des enjeux ancrés dans le vécu
  • de faire émerger des actions concrètes
  • de construire une adhésion durable

Les acteurs du territoire peuvent désormais travailler collectivement, avec une meilleure compréhension des priorités, en attendant la stratégie finalisée d’adaptation au changement Les plus motivés ont identifié des actions rapides et concrètes qu'ils souhaitaient mettre en place (par exemple, la rédaction d'un guide sur les aides locales).

Bravo à Jolet qui a su inspirer une communauté d'action sur son territoire, illustrant le rôle fondamental d'animation du ou de la chargé(e) de mission.

Dessin comique sur l'incompréhension du vocabulaire technique

Évidemment, ce retour d’expérience n’est pas une recette toute faite, mais il peut inspirer d’autres territoires pour enclencher une dynamique durable, et ce dès la phase du diagnostic de vulnérabilité.

Pour aller plus loin

  • 1h pour animer un réseau, de Jean Michel Cornu