Cet atelier s’est tenu le 25 février 2025, avec l’intervention d’Olivier Erard, ancien directeur du syndicat mixte de la station de ski de Métabief.
L’approche systémique fait référence à une méthode d’analyse, une manière de traiter un système complexe avec un point de vue global, sans se focaliser sur tous les détails. Elle vise à mieux comprendre la complexité sans trop simplifier la réalité.
On peut résumer l’approche systémique, par la citation d’Edgar Morin : c’est une approche « qui sépare sans disjoindre et relie sans confondre ».
Pour présenter la différence entre ces 2 approches, prenons l’exemple de 2 jardins : le jardin à la française et le jardin à l’anglaise.
Ici, on comprend que ce jardin incarne le raisonnement analytique, caractérisé par la séparation et la linéarité. On peut y voir une approche par silo : on découpe un problème en petites parties, puis, on les analyse individuellement.
Cette approche est efficace pour décrire et comprendre le fonctionnement de systèmes simples, globalement inanimés, dans des environnements stables.
Elle incarne le raisonnement global et est caractérisée par la complexité et la non-linéarité qui permettent de comprendre un tout par ses interactions globales.
Ce jardin est l'allégorie d'une méthode plus efficace pour décrire et comprendre le comportement des systèmes complexes, vivants, évoluant dans des environnements instables.
Plus largement, l’idée n’est pas d’opposer ces 2 approches. Il est essentiel de jouer avec la complémentarité : réussir à cumuler une analyse factuelle, tout en liant les sujets entre eux pour déterminer leurs interactions. Cette double approche est très pertinente lorsqu’on aborde les sujets et incertitudes liés à l’adaptation au changement climatique.
Les propos rapportés dans cette partie sont issus des expériences terrains et des recherches menées par Olivier Erard.
Un premier élément soulevé par Olivier Erard a été de préciser que l’approche systémique n’était pas un objectif en soi. L’ancien directeur de la station s’y est retrouvé par sérendipité, sa mission initiale était de travailler sur un projet autour de la neige de culture. Progressivement, son objectif est devenu celui de raconter la fin du ski à Métabief.
Bien que les données scientifiques aient été là, le message de l’après-ski restait difficile à entendre. C’est à ce moment que l’approche systémique a pris de l’importance : pendant 1 an, il s’est concentré sur la compréhension du problème, il a multiplié les modèles et croisé les domaines de compétences. Lors du partage de ce constat, il avait le sentiment d’avoir fait du « bricolage » avec les données, les questions soulevées ont élargi la problématique initiale grâce au croisement des regards et des données, froides (les données scientifiques), mais aussi chaudes (issues du terrain, des ressentis, etc.). Pour autant, le constat incluant les interactions dans le système validait la fin programmée du ski à Métabief et donc, le besoin de sortir des réponses simplistes.
Grâce à cette nouvelle logique, Olivier Erard a pu embarquer progressivement les parties prenantes du territoire sur une problématique plus large que la station : celle de la vision du territoire. Ce changement d’échelle a mené à des réflexions autour de la notion de renoncement.
Voici les principaux changements :
La démarche systémique impose l’humilité et la reconnaissance de la complexité du système, le processus est vivant et adaptatif.
Voici quelques apprentissages pour réussir la mise en œuvre d’une bonne démarche :
Les démarches de planification peuvent être des occasions de privilégier une vision systémique. Bien sûr, ces exercices réglementaires tendent à figer la méthode et ce malgré les séquences participatives, bien souvent très contrôlées.
L’enjeu pour réussir à lier une approche systémique dans un cadre réglementaire est de s’assurer de respecter le cadre minimal, celui-ci vous évitera de vous mettre en porte-à-faux.
Parallèlement, introduisez dans votre approche, si possible à budget constant, une véritable mécanique de la systémique (ne se réduisant pas simplement à l’étape de modélisation), mais incluant co-construction, partage de la vision systémique, jusqu’à la mise en mouvement "systémique" des parties prenantes.
Evidemment, il faudra aussi parvenir à convaincre les "tenants de la règle", pour cela précisez bien :
La phase de cadrage est essentielle : il ne faut pas simplement faire du copié/collé de cahier des charges. À savoir, chaque situation sera spécifique en fonction de l'historique, de l'environnement organisationnel, des ressources disponibles, des enjeux territoriaux, des opportunités existantes, etc.
L’approche systémique est idéale pour élargir la compréhension des dynamiques de votre territoire. Un point essentiel à l'identification des bonnes problématiques et donc, la bonne mise en œuvre de votre stratégie d’adaptation au changement climatique.
Un atout incontestable pour poser les bonnes problématiques auxquelles votre stratégie d’adaptation au changement climatique doit répondre. Toutefois, cette logique est encore méconnue, peu de retours d’expériences sont disponibles et ceci malgré la multitude d’outils se revendiquant de la systémie.
Si vous optez pour une démarche systémique, liez-la à un projet existant, tout en donnant autant de visibilité sur les étapes et apprentissages vécus. Parallèlement, n’oubliez pas de vous appuyer sur des données analytiques.
En définitive, le succès de votre approche résidera dans votre capacité à mobiliser les bonnes personnes dans la durée. Cela vous permettra d’obtenir des résultats progressifs qui engageront à leur tour d’autres acteurs.